Encourager le leadership au féminin
Date de parution : 8 juillet 2025
Retour sur la mission de Véronique Guay en Bolivie
Lorsque j’ai su qu’une administratrice qui siège au conseil d’administration de VIVACO partait en Bolivie pour une mission avec SOCODEVI, une organisation québécoise de coopération internationale, j’ai eu envie d’écrire un article sur son expérience afin de vous en faire part. Je vous transporte donc l’instant d’une brève lecture dans un voyage en Bolivie avec Véronique.
Texte de Karine Moreau, directrice communications marketing chez VIVACO groupe coopératif
Partie seule du Québec le 21 mars dernier pour dix jours, avec en poche son espagnol et son bagage de productrice et d’administratrice d’une coopérative, Véronique est allée rejoindre l’équipe de SOCODEVI à Sucre, la capitale de la Bolivie. Afin de mieux vous situer, voici un résumé du projet.
LE PROJET
Le projet PROMAVI, mené par SOCODEVI, a développé une nouvelle filière agricole en Bolivie centrée sur le tara, un arbuste utilisé pour le tannage de cuir qui a aussi des propriétés cosmétiques et alimentaires. La construction de l’usine coopérative Boltrade de 2200 m², financée en partie par SOCODEVI, permet à plus de 2000 familles de transformer les plantes de tara qu’elles cultivent. Le tara pousse dans la roche, est récolté une fois par an et est transformé en tanin et en additifs alimentaires par la coopérative Boltrade, avec l’objectif d’exporter ces produits en Italie et en Argentine.
Le projet SAYARIY, initié par SOCODEVI, vise à consolider et à élargir la chaîne de valeur du tara en Bolivie, développée avec succès dans le cadre de PROMAVI. Pour une durée de six ans, SAYARIY impliquera davantage de familles de producteurs et d’entités rentables pour assurer la collecte, la transformation et la commercialisation du tara, avec le soutien des autorités gouvernementales.
Dans un contexte de changements climatiques, SAYARIY améliorera la résilience de 3000 familles autochtones rurales, dont 1800 femmes, en favorisant l’égalité des genres, l’adaptation aux changements climatiques et une meilleure sécurité alimentaire. Des mesures précises permettront aux femmes de gérer les activités agricoles et de contrôler leurs ressources et profits. Et c’est là que la mission de Véronique entre en jeu!
LA MISSION DE VÉRONIQUE
L’objectif de Véronique dans cette mission était d’aider l’équipe bolivienne de SOCODEVI dans le démarrage d’une école de leadership d’affaires pour les femmes productrices de tara afin de les outiller et de les motiver à gérer les activités agricoles. Cette école est située dans la capitale Sucre, sur les hauts plateaux du sud-est de la Bolivie à environ 3000 m d’altitude. Le défi a été également de convaincre les femmes de faire le trajet de deux à trois heures en autobus dans les montagnes pour se rendre à l’école quelques jours, le temps des formations. À noter que Véronique se débrouille bien en espagnol, ce qui a grandement facilité son intégration parmi les femmes.
À cette école, les femmes reçoivent une éducation de base sur la gestion et la production du tara, ce qui les aide à prendre des décisions éclairées et à augmenter leur production.
« Dans mon rôle, c’était très important de motiver les femmes à s’impliquer dans la production du tara et à prendre des décisions pour améliorer leur situation financière, commente Véronique. Cela peut paraître banal, mais le simple fait de partager mon expérience de femme productrice qui siège aussi au conseil d’administration d’une coopérative a donné une très grande crédibilité à mes propos. J’avais une grande écoute de leur part parce que pour elles, j’étais un modèle de réussite au féminin. »
C’est à travers des ateliers, des formations et des échanges que son rôle a pris tout son sens. Une des formations portait d’ailleurs sur le rôle des femmes dans la bonne gouvernance afin de les préparer à l’assemblée annuelle 2025 de l’Association nationale des producteurs diversifiés (ANAPROD) à laquelle Véronique a participé.
« Dans mes messages, j’ai beaucoup misé sur l’importance de la rigueur en agriculture, notion qui n’est pas nécessairement intégrée dans leur vie. Dans leur campagne, les habitants sont très éloignés les uns des autres, ils ne voient donc pas nécessairement ce qui se passe chez les voisins. Je leur ai ouvert les yeux sur ce qui se fait ailleurs et surtout, je leur ai démontré qu’elles aussi sont capables de s’organiser et de gérer leur production. »
Osez vous organiser et participer aux rencontres! C’est le message qu’elle leur a transmis en leur apprenant à prendre leur place et à s’émanciper.
LA SUITE DE CETTE MISSION
Puisque les femmes habitent loin de l’école, elles reçoivent une formation virtuelle une fois par mois, de six à huit heures du matin le dimanche, pour les motiver et les aider dans leur démarrage.
Véronique a accompagné des membres du personnel de SOCODEVI dans le développement des méthodes de communication avec l’utilisation de l’application WhatsApp afin que les femmes puissent communiquer entre elles, ce qui facilite les échanges et le suivi des formations. Véronique maintient d’ailleurs une communication avec les participantes par ce média.
« Ce fut une expérience très enrichissante pour moi et je sens que je leur ai apporté quelque chose de bénéfique. Il y a encore beaucoup de place à l’évolution et l’apport des missions de SOCODEVI est très important pour la pérennité des projets. Bref, je recommande à ceux et à celles qui ont envie de partager leur expertise et de vivre une aventure dépaysante de participer à une mission. »
Texte paru dans le Coopérateur de Juillet 2025